Une émotion, un mot, une œuvre

Alexis Massoutier

Une œuvre peut parfois se résumer en un mot et derrière celui-ci, il y a une émotion, qui nous touche. On met en lumière ces histoires qui nous font vibrer, quel mot choisirez-vous ? 

Vérité : Les Garçons invisibles

Vérité, c’est le mot qui décrit le mieux Les Garçons invisibles d’Holden Sheppard chez YoungNovel. Ce roman sonne juste. Il parle de ce que vivent des gays : la peur d’être « outé », le doute, mais aussi l’envie de s’assumer enfin.

On suit trois garçons très différents, et c’est ce qui fait la force du livre.
Il y a Zeke, qui a peur d’être gay dans sa famille italienne : « Je me roule en boule dans mon lit… je me sentirais bien mieux si je n’existais pas. ». Charlie, plus cash, et qui est livré à lui-même : « Charlie n’aurait jamais toléré l’interrogatoire… Il aurait tenu tête et dit qu’il avait tort. ». Et Hammer, le sportif homophobe : « À l’époque, je ne savais pas ce qui m’arrivait… Wolverine était mon X-Men préféré. »

Ce qui frappe, c’est que l’histoire se passe aujourd’hui, et pourtant l’homophobie est toujours là. « leur dégoût et presque palpable » percoit Zeke. Ça rend leurs parcours encore plus touchants.

On s’attache vite à eux : le sportif, le rockeur, l’intello réservé. On tourne les pages parce qu’on veut savoir comment chacun va avancer dans ce moment important de la vie où on se découvre, où on ose dire qui on est. C’est une période qui ne dépend pas de l’âge, mais du moment où l’on est prêt à vivre en tant que personne queer.

C’est un vrai coup de cœur. Un livre simple et fort. Un roman qui parle de honte, d’amour, d’amitié, de sexe, d’espoir et surtout de soi. 

Il rappelle que nos droits LGBT+ ne sont jamais acquis, que la force de la communauté compte : « J’refuse de de courber, l’échine… Ils veulent me faire rotir ? Qu’ils essayent ». Et que de belles histoires, amicales et/ou amoureuses, peuvent toujours arriver entre personnes queer. 

Les Garçons invisibles de Holden Sheppard Ed. Young Novel à 23.50 €

Cover artwork by Stan. Cover design by Karmen Lee, hellokarma.com

 

Inclusion : Le Grinch

Noël approche, et quoi de mieux qu’un film culte pour accompagner nos soirées, apres Maman, j’ai raté l’avion ? . Impossible de passer à côté du Grinch, cet être vert, ronchon et peu sociable, qui refuse de fêter Noël. On pourrait presque dire que, s’il s’est forgé cette carapace, c’est peut-être parce qu’on ne l’a jamais vraiment accepté tel qu’il est ? 

Certaines personnes, face au rejet, se referment, se protègent, voire deviennent un peu piquantes. On appelle ça un mécanisme de défense : quand on est exclu, ca blesse trop, et l’on préfère parfois tenir les autres à distance, voire devenir mechant. « Si le Grinch est si mauvais, pourquoi m’a-t-il sauvé ? » se questionne au debut le film cette petite fille qui pourrait bien changer des choses.  

Isolé en haut du Mont Crumbit, le Grinch finit par vouloir gâcher la fête aux habitant.es de Chouville en volant cadeaux et décorations. Mais sous ses airs desagreable, il découvre ce qu’il refuse depuis toujours, l’importance du partage.

Les thématiques LGBTQIAP+ sont indircetemnt abordées avec des messages qui résonnent pour notre communauté : quand on ne trouve pas sa place, être accueilli.e pour qui nous sommes peut tout changer. Et parfois, derrière la colère ou l’isolement, il n’y a pas de méchanceté, juste une blessure qui attend d’être gueri.

Un film qui, en plus d’etre tendre, nous fait rire avec Jim Carey en protagoniste vert. Parfait pour l’hiver, et un joli rappel qu’en matière d’inclusion, un geste chaleureux peut faire fondre des cœurs, même les plus verts.

Le Grinch de Ron Howard Ed. Universal Pictures à 26,99 €

 © 2025 Universal Studios. All Rights Reserved. TM & © 2025 Dr. Seuss Enterprises, L.P. All Rights Reserved.

 

Retour : They Said You Won’t Come Back

Dans They Said You Won’t Come Back de de TOASA Yorube chez Akata, on plonage dans les années 90. Kotaro Yashiki, jeune professeur au passé difficile, arrive dans une petite ville et rencontre Naoya Hinagishi, collègue charismatique. Une tension naît entre eux, jusqu’à ce moment où Kotaro révèle être gay, avant de l’embrasser. La réaction de Naoya, inattendue, ouvre la voie à une relation complexe.

TOASA Yorube propose un one-shot au style graphique mature, faisant pensé au Bara. On suit 2 adultes qui se tournent autour, avec toute leur vulnérabilité et leurs hesitations mais peut-être qu’ils seront prêts à laisser naître quelque chose entre eux : « Et ça ne vous fait pas peur d’espérer autant d’autrui ? Si vous vous impliquez, plus vous risquez gros non ? » et la reponse « Si, ça me terrifie. ». Une histoire délicate qui permet de voir qu’une rencontre peut apaiser ce qui faisait mal dans le passé. 

They Said You Won’t Come Back de TOASA Yorube Ed. Akata à 8.50 €

©Yorube Toasa 2020 / KADOKAWA CORPORATION

 

 

 

Différence : Edward aux mains d’argent

Dès les premières notes musicales, on plonge dans l’univers si iconique de Tim Burton, porté par les mélodies de Danny Elfman. Cette atmosphère nous permet d’accompagner Edward dans ses tourments qui font écho à la communauté LGBT+, avec ce sentiment d’être « diffèrent ».

Le film raconte l’histoire d’Edward, cet être doux et créatif avec ses mains-lames. Entre rejet, injustice et manipulation, le personnage traverse des épreuves qui rappellent ce que vivent beaucoup de personnes queer : se sentir rejeté.e pour ce que l’on est, devoir se défendre face aux regards des autres, et malgré tout chercher l’amour et la place qu’on mérite. La restauration 4K sublime ce conte des temps modernes : une image nette qui met en lumière la poésie et la sensibilité du récit.

Et puis il y a Noël : cette période où la magie opère, et où Edward trouve enfin un instant sa place. Un conte simple, touchant et humain.

Edward aux mains d’argent de Tim Burton Éd. Universal à 29,99 €

© 2025 20th Century Studios.

  

Magie : Eternal Covenant 

Magie, c’est le mot qu’il faut pour le manhwa Eternal Covenant de Haejin édité chez KBL, un shônen-aï sombre qui nous envoute avec ses malédictions et où deux hommes, deux royaumes et un complot se mêlent pour bouleverser leur destin.

Ian Gloucester, convaincu depuis l’enfance d’être « maudit », enquête sur une guerre naissante et croise Sol Winkler, roi d’Archaia, qui assume, lui, ses pouvoirs. Là où Ian voit une malédiction, Sol y voit la possibilité de tout changer. Leur alliance fait naître une tension subtile, illustré avec précision par Haejin avec des regards qui se croisent et qui en disent long. Et lorsque Sol lui murmure : « Le mouton noir n’écoute que vous », Ian comprend qu’il n’est peut-être plus seul. 

Entre complot, pouvoirs et désir naissant, Eternal Covenant offre un boy’s love dans un monde heroic Fantasy qui nous emporte.

Eternal Covenant de Haejin Ed. kbl a 14€95

영원한 _계약 _Eternal Covenant vol. 1 ⓒ _Haejin/Haksan Publishing Co., Ltd. All rights reserved.

 

 

Des mots simples et réconfortant pour nos hivers. Prenons soin de nous, laissons-nous porter par ces histoires et souvenons-nous qu’un mot, comme une œuvre, peut tout changer.  

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