On se souvient tou.te.s de Frigide Barjot, rendue célèbre pendant les débats sur la loi sur le mariage pour tou.te.s puisqu’elle était la présidente de la Manif pour tous (aujourd’hui devenue « le syndicat de la famille »). Nous avions appris à cette période qu’elle occupait un vaste appartement loué à la ville de Paris, dans lequel elle menait ses activités « professionnelles » illégalement, le bail étant strictement un bail d’habitation. Elle en fut logiquement expulsée.
C’est avec un grand bonheur que nous avons appris que cet appartement a été transformé en 8 logements destinés à recevoir 48 réfugiés LGBTQI+, gérés par l’association Basiliade qui a déjà beaucoup d’expérience en la matière, notamment avec la gestion d’appartements thérapeutiques. C’est en tous cas une belle victoire, pleine de symboles. Chasser la haine pour la remplacer par l’accueil de personnes vulnérables à qui la ville de Paris ouvre grand ses bras… même Frigide Barjot, catholique pratiquante, ne peut critiquer une telle charité. Amen.
Il a été remis au militant Ociel Baena, premier magistrat non binaire du pays. Le pays d’Amérique Centrale rejoint 16 autres pays qui les délivrent déjà (Argentine, Autriche, Australie, Canada, Colombie, Danemark, Allemagne, Islande, Irlande, Malte, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Inde, Népal et États-Unis). En France, nous en sommes encore loin : refus pur et simple des autorités à faire figurer la mention « sexe neutre ». A l’inverse, les Pays-Bas réfléchissent à retirer entièrement les marqueurs de genre dans les cinq ans à venir.
Au moment où nous bouclons ce numéro de Strobo, le gouvernement annonce enfin son nouveau plan contre les LGBTI-phobies, qui s’étale de 2023 à 2026. Le plan, dévoilé par Isabelle Lonvis-Rome, ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, fait la part belle à la formation, notamment des forces de police, et contient une mesure très attendue, la pérennisation du fonds de soutien aux Centres LGBT. Trois millions avaient déjà été annoncés l’été dernier par la Première ministre Elisabeth Borne, sept millions viennent compléter ce fonds, qui doit servir à financer les centres existants et à permettre à d’autres centres de se créer. De nombreuses associations LGBT avaient été consultées pour l’élaboration de ce plan et c’est peu dire qu’elles se montrent déçues du résultat. Dans un communiqué, plusieurs d'entre elles, dont l’Ardhis, Aides, Acceptess T, Outrans ou l’Inter-LGBT, “dénoncent une prise en compte insuffisante de leurs revendications”.“Le nouveau plan invisibilise les transidentités alors que le précédent y consacrait un chapitre entier. Pourtant, les personnes trans sont la cible principale des attaques LGBTI+phobes et leurs droits ne sont ni garantis, ni protégés.”, expliquent-elles avant de regretter “qu’aucune mesure ne soit prévue pour faciliter l’accès aux droits des demandeurs-ses d’asile ou des couples binationaux LGBTI+”.
Aux Etats-Unis, les efforts des homophobes et transphobes commencent à porter leurs fruits, non seulement d’un point de vue législatif, mais aussi sur les politiques marketing des entreprises. Ainsi, la très populaire chaîne de magasins Target a fini par retirer les articles estampillés LGBT de ses rayons, après des pressions régulières des conservateurs. De même, Starbucks a interdit à ses employés de mettre des décorations rainbow flag dans ses cafés pour le mois des fiertés, comme ils le faisaient habituellement. La marque de bière Bud Light, qui avait fait appel à une influenceuse trans pour promouvoir son produit a lâché celle-ci en rase campagne quand elle est devenue une cible de l’extrême-droite. Cela montre la valeur du soutien de ces entreprises à nos communautés ces dernières années. Dès que le vent tourne, il n’y a plus personne.

Le Parlement européen a condamné les instructions données récemment par le gouvernement italien ultraconservateur à la mairie de Milan de ne plus enregistrer à l'état-civil des enfants de couples de même sexe. Les unions des couples de même sexe ont été légalisées en Italie en 2016, mais en laissant de côté le droit à l’adoption. Les décisions concernant les enfants sont prises au cas par cas par les tribunaux. Depuis son arrivée en 2022 au pouvoir, la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni a mis l’accent sur les valeurs familiales traditionnelles.